Sous ses dehors un peu rude, Nino cache un cœur en or. Enfin, c'est l'avis des touristes à qui il fait goûter son saucisson de thon sur le marché de Vucceria… Les ennemis de la famille Scaduto, pour qui il donne de petits coups de mains de temps en temps, n'en garde pas vraiment le même souvenir...
Depuis de longues années, la Cosa Nostra sévit en Sicile et étend ses tentacules dans le monde entier. Son histoire funèbre se mélange avec celle de l'ile et y projette une ombre opaque. Des progrès pour l'éradiquer ont été faits mais à chaque fois la pieuvre retrouve de la vigueur. Palerme, la belle et vivante capitale sicilienne, garde sur ses murs et dans le visage de ses habitants la marque de l'organisation mafieuse.
Passer ses matinées à vendre le poisson du jour, c'est pour le vieux Giuseppe plus un plaisir qu'un besoin. Après de longues années passées au service d'une des grandes familles palermitaines comme « conseiller », il s'est dit un jour qu'il était temps de se retirer et de revenir à une vie plus simple. Le contact de la rue, ses odeurs, ses bruits, comme du temps de son enfance lorsque son père l’emmenait avec lui sur les marchés, ça manquait au vieux Guiseppe.
La carrière de boxeur professionnel de Luigi est loin mais il garde toujours le même coup d'œil affuté, et le même coup de poing s’il le faut. Ses poings, il en a eu besoin tout au long de sa vie. Une vie de soldat pour le compte de la Cosa Nostra, une carrière qui s'est finalement achevée quelques années plus tôt lorsqu'il a frappé par erreur la mauvaise personne. Finalement, le voilà à faire les marchés, à vendre des oignons pour quelques euros. Et ça, ça l'énerve Luigi. Alors faut pas venir lui dire que ses légumes sont trop chers ou que la balance déconne. Non, faut pas venir lui dire.
Le jour ou le Cream coffee a ouvert, il n'a pas fallu longtemps avant que trois apprentis caïds viennent réclamer l'impôt. L'un s'est retrouvé avec le nez en sang, un autre le genou en miettes et le dernier... Et bien le dernier on ne l'a jamais retrouvé. Il semblerait qu'ils se soient attaqués au mauvais commerce ce jour-là.
3 balles dans le corps, 36 ans dans les prisons italiennes et 5 coups de couteau, la vie de Paolo n'a pas été simple. Peut-on s'attendre à autre chose lorsqu'on lie son destin à la pieuvre ? La mort vient souvent de la main d'un truand ou d'un policier. Et pourtant, pour lui, la faucheuse prendra un autre visage : la fumée lui brûle ses poumons usés, sa gorge le gratte et il crache noir. Foutu pour foutu, Paolo n'a jamais fui la confrontation, alors pourquoi changer maintenant ?
Au même titre que des chaussures bien cirées et et un pantalon repassé parfaitement, les lunettes noires sont indispensables dans la garde-robe d'un bon mafioso. Rodrigo n'a jamais failli à ces principes de bonne tenue. Quel drame pour lui lorsque le docteur lui a annoncé ses problèmes de vue !
Lucciano joue tout au long de la journée. Il joue pour oublier son passé, mais aussi pour se faire oublier. Luciano a trahi un jour, il a rompu l'omerta, il a parlé. Pas grand chose, quelques mots sortis de sa bouche comme des notes s’échappant de son accordéon mais ça a suffit pour en faire un paria, que sa tête soit mise à prix. Alors il s'est retiré dans une petite ville où il est personne. Il vit de son instrument en espérant à chaque instant que personne ne reconnaisse le pentito, le repenti, qu'il demeurera jusqu’à sa mort.
A l'école déjà, Marco s'asseyait dans un coin et surveillait les professeurs pendant que ses complices rackettaient les plus petits. Son ambition a peu évolué au fil des années. Des cours d'école à celle de la ville, il s'est tenu toute sa vie au poste de surveillance. Un poste simple au premier abord mais qui demande une attention de tous les instants. Marko connait toutes les ficelles des policiers en planque et encore plus celles des concurrents de la famille pour laquelle il travaille. On ne l'a fait pas à Marko, il a de l'expérience...
Voilà plus de 35 ans que Samuele travaille dans les pompes funèbres. Les affaires sont bonnes mais pas autant que dans les années 80, lorsque les puissantes familles palermitaines se faisaient la guerre. Au fil des années, par un long travail relationnel, Samuele est devenu le croque-morts attitré des mafiosi locaux. Pour leur famille, mais aussi pour leurs ennemis. Deux corps dans le même cercueil, pratique pour faire disparaître un cadavre !
La Scopa est un jeu de cartes italien, joué très souvent en Sicile par les retraités dans les parcs et jardins. Pour Battista, Fabio et Ilario, les 3 chefs de familles les plus influentes de Palerme, c'est un peu plus qu'un simple jeu. C'est une façon de se retrouver incognito, anciens parmi d'autres anciens, et de parler affaires. Qui s'occupera de recadrer le jeune et fougueux Flavio ? Certains commerçants du quartier Kalsa renâclent à payer le pizzo ? Quelques allumettes devraient les ramener à la raison. Et la petite enveloppe pour le mariage du fils du chef de la police, à combien se montera-t-elle ?
Dans certaines villes les murs ont des oreilles. A Palerme ils ont des yeux. Avenants, scrutateurs, méfiants... Accusateurs parfois, lorsque ce sont ceux de courageuses ou malchanceuses victimes de mafiosi.
Carlo a 72 ans. Il n'a jamais accepté de se compromettre avec la mafia, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de ses amis d'enfance. Sa liberté fait sa fierté mais cette liberté s'est payée au prix fort. Marco ne s'est jamais marié et n'a pas d'enfant. Aucune femme n'aurait pu penser qu'il vivrait aussi longtemps.